Tuesday, January 17, 2006

36 mil ángulos


Sumergido en un mar de matices nuevos

aprendo, escucho y veo.

que 1+1 son 2 y no 3, 4 o 5; aunque Lacán dude al respecto.

que 36 mil es mucho y al mismo tiempo nada,

que a tu lado no todo es tan simple, pero no por eso menos bello o cierto.

que el día a día cuenta más que el futuro acaso de ensueños despiertos.

que mi mente se apacigua, que el alma me da vuelcos y que el cielo se ilumina

al reflejo de tus ojos y al asalto de tus besos.

seok4

Sunday, January 08, 2006

*.tmp (texte complet)
Traduction par L.S. (Merci !)


« Si je n'arrive pas à faire le ménage dans ma vie une bonne fois pour toutes, j'ai plus qu'à me foutre en l'air. » : telle était la pensée d'Andrea au moment du réveil. En cette matinée, elle se rappela qu'elle était censée fêter son anniversaire – le 29ème du titre –, mais le coeur n'y était pas.

La veille au soir, elle avait débranché le téléphone et se jura de ne consulter ses e-mails sous aucun prétexte – du moins ceux qui remontaient à moins d'une semaine.

Son regard se posa sur la boîte de Prozomil qui trônait dans le meuble de chevet et que sa mère lui avait remis la dernière fois qu'elle était venue déjeuner, histoire de bien montrer qu'elle ne restait pas insensible au sujet de ce qu'elle considérait comme une simple phase dépressive bénigne et passagère (doublée certes d'un problème d'inadaptation sociale chronique beaucoup plus profond, mais sur ce dernier point, elle crut bon de garder le silence).

Alors qu’elle tendait sa main vers le médicament, Andrea s'imagina un instant terminer comme sa mère et rentrer dans le rang, mais cette vision la quitta rapidement. En tout état de cause, ne pas prendre ces fichus cachets reviendrait à coup sûr à faire chier la vioque.

D'ailleurs, pour en revenir à la dépression, elle ne comprenait pas pourquoi tous ces haut-cris. En effet, il lui avait toujours semblé que – à moins d'être complètement idiot ou dénué de la sensibilité la plus élémentaire (cette dernière caractéristique constituant plutôt une chance) – il était précisément impossible de faire autrement que de déprimer ici-bas. Tel était du moins le cas d'une bonne partie des gens qu'elle connaissait. La grande majorité de ses amies noyait cette frustration dans le consumérisme ; certaines en combinant consumérisme + Prozomil, d'autres grâce aux effets cumulés du consumérisme + Prozomil + alcool. Le sexe, curieusement, ne figurait jamais aux termes de l'équation.

Toutes étaient issues d'un milieu conservateur ca(stra)tholique, en vertu duquel on pensait que le sexe servait à procréer, du moins dans l'immédiat. En bonne logique, leurs galipettes passées avaient débouché sur un nombre éhontément élevé de petits braillards, ce qui avait pour effet de rendre le contact avec ses anciennes relations à chaque fois plus difficile.

29 ans, donc, et seule ou plutôt « sans mari à charge », comme elle préférait dire. Aux yeux de ses amies, en revanche, une telle situation était bien plus qu'une simple manifestation d'excentricité : c'était un signal d'alarme.

En un mot, tant pour sa famille que pour ses amies, Andrea était un cas désespéré d'inadaptation.

Le fait de s'entendre prodiguer à longueur de journée des bons conseils du style : « cette année, j’espère que tu louperas pas le coche », ou encore : « passe prendre le thé un de ces quatre, histoire de te présenter Machin, bon ami du mari, bon parti, bonne particule… », non seulement la dégoûtait, mais par surcroît la plongeait dans un abîme d’ennui. Andrea se demandait s’il ne s’agissait pas là en réalité d’une tentative de meurtre sur ce que ses amies lui enviaient au fond le plus, à savoir sa liberté. Bien qu’elle n’en fît pas grand chose, cette liberté la distinguait de son entourage. Mais il y avait encore autre chose : son goût pour le sexe. Andrea considérait en effet sa libido comme égale à celle d’un homme. Celle d’un homme normal, s’entend. Pas comme les conjoints de ses amies. Envers ces derniers elle éprouvait une aversion toute particulière. Tous semblaient être des clones : le même accent affecté, les mêmes pantalons Dockers, les mêmes chemises de polo. L’uniforme du parfait couillon.

Dans le fond, tous ces types étaient des dégénérés, y compris sur le plan sexuel où ils se révélaient mornes et insipides. Les perversions auxquelles occasionnellement ils laissaient libre cours – que ce soit avec des putains, des secrétaires, ou encore, dans certains cas, entre eux – étaient au fond banales. Plusieurs lui avaient même fait des avances. Avec une pointe de dégoût, elle répondait toujours de la même façon : « Non merci, ta femme m’a dit que tu étais un vrai désastre au lit ». Si seulement ses amies savaient, pensait-elle. De toute façon, si elles ne voulaient rien savoir, ce n’était pas son affaire, et, au bout du compte, elles aussi finiraient tôt ou tard par se vautrer dans leurs propres dépravations : cette fois-ci avec le professeur de yoga, telle autre fois avec l'avocat en charge de leur divorce, avec leur psy et, pourquoi pas non plus, entre elles…

Que faire durant toute cette journée ? Elle avait pensé louer une dizaine de films et les visionner d'une traite. Aller à la plage et bouquiner ? Chatter ? Non, c'était décidément autre chose qu'il lui fallait. Tout ceci impliquait de stocker des informations supplémentaires dans sa pauvre tête. Or, cette journée lui commandait exactement le contraire : effacer. Expurger son disque dur de tous les fichiers temporaires accumulés au cours de ces dernières années.

Elle repensait à tous les ex-hommes-de-sa-vie, à ses différents boulots, ses échecs, aux secrets de famille, analyses lacaniennes et autres amants occasionnels. Elle s'imagina avec horreur que pour chaque mauvais film, article de magazine foireux, blog nul, orgasme raté ou lieu commun qu'elle tenait de son entourage, elle avait dû sacrifier au moins 10 ko d'espace de stockage libre dans sa cervelle. A l'heure actuelle, calcula-t-elle avec angoisse, elle devait en avoir là-haut pour au moins 50 giga de déchets. Elle repensa à son enfance. Elle essayait de se raccrocher à quelque chose qu'elle aimait faire lorsqu'elle était gamine. Elle se rappela les après-midi qui n'en finissaient plus, passées à jouer au foot avec ses trois frères, aux corps-à-corps impétueux pour avoir le contrôle de l'ATARI.

Il était impérieux de se confier à un ami, finit-elle par conclure.

Peut-être était-ce d'ailleurs là qu'il fallait rechercher la cause profonde de son inadaptation. Sans doute la fréquentation des hommes depuis son plus jeune âge avait fait en sorte qu'elle avait fini par les connaître si bien, qu'il lui était impossible de les prendre au sérieux – du moins pas au point de se marier avec. En tout cas, une chose était certaine, c'est que cette proximité avec la gent masculine l'avait dotée d'un pragmatisme qui échappait généralement au sens féminin. Entre filles, tout est toujours si compliqué, pensa-t-elle. Alors qu'entre hommes, c'est tout le contraire : de temps à autre un bon affrontement pour remettre les choses à plat, une poignée de mains, et on n'en parlait plus. Ses copines, elles, passaient leur vie à se crêper le chignon et une vexation pouvait avoir des répercussions encore des années après.

Elle prit le téléphone et appela Larry. Andrea le connaissait depuis la faculté. Bien évidemment, Larry n'était pas son vrai nom, mais on l'appelait ainsi en référence à un personnage d'une série télé des années 80, coureur de jupons et bon vivant. Larry se faisait plaisamment appeler « le dernier des grands machos ». Aux yeux de l'une ou l'autre féministe, espèce qu'il qualifiait de « vagins belligérants », Larry n’était qu’un porc (ce qui, du reste, ne l’a pas empêché de faire figurer à son tableau de chasse un certain nombre de ces féministes fières et autoproclamées).

Allô, Larry ? C'est Andrea.

Il est 10 heures du mat'. Je te pardonne seulement si j'ai droit à un massage japonais et/ou plus si affinités…

Je te rappelle que c'est mon anniversaire, aujourd'hui.

O.k., on oublie le massage.

Il faut absolument que je fasse un truc, n'importe quoi... J'ai pas trop la forme, et mes 29 berges me plombent le moral. T'étais parti pour faire quoi, aujourd'hui ?

Là maintenant ? Ben… t'amener à la plage, boire des bières et fumer quelques petits pèt'. Pour la suite, on improvisera…

Larry, je t'adore ! Je passe te prendre à midi.

Larry monta dans la voiture avec sa désinvolture habituelle. Un certain côté charmeur émanait de sa personne. Mais, plus important encore, on pouvait toujours compter sur lui.

Je te souhaiterai ton anniversaire le moment venu, mentionna-t-il tandis qu'Andrea démarrait la voiture. Pour l'instant, j'aimerais que tu me réexpliques ton problème.

Andrea résuma la situation, et tous deux terminèrent en riant, après avoir évoqué la métaphore des fichiers temporaires.

Ton problème, fit-il, c'est que tu es atteinte du syndrome de la femme de plus de 28 ans.

Qu'est-ce que c'est que ce truc-là ?

Trop d'histoires dans un seul corps. Trop de fiancés, un quasi-matricide, l'horloge biologique et j'en passe… Un ami à moi a une théorie à ce sujet. Selon lui, les femmes – ne le prends pas mal – sont un peu comme les bagnoles. Et chaque fiancé, chaque amant, c'est comme autant de coups de clés que tu filerais à la carrosserie. Au bout d'un certain nombre, évidemment, la voiture commence à ressembler davantage à une épave…

Toi et tes amis machos à deux balles… Vous êtes de la pire espèce ! C'est pour ça que vous vous retrouvez seuls comme des cons.

Super ! Toi aussi, tu es seule, il me semble… T'en serais pas non plus, des fois ?

Évidemment, c'est pas pour rien qu'on est potes ! dit Andrea en riant.

J'ai pour ma part ma propre théorie à ce sujet : la seule et unique manière de nettoyer complètement le cerveau d'une femme, c'est de recourir à l'effet thérapeutique de la sodomie, dit-il d'un air grave et en réprimant un sourire.

Heiiiin ?

C'est bien ça : l'effet thérapeutique de la sodomie. De plus, chaque femme de plus de 28 ans devra, afin de sauvegarder sa santé mentale, se faire sodomiser à intervalles réguliers. Histoire de faire le ménage sur son disque dur. En termes de mécanique, c'est un peu comme si tu remettais à chaque fois ton compteur à zéro.

Alors ça, c'est le comble !!! Ce serait plutôt à toi de te préoccuper de ta santé mentale ! Ou alors… Après tout, peut-être que tu as raison et que c'est ça qu'il me faudrait… Ce matin, j'avais justement pensé faire le ménage une bonne fois pour toutes, mais alors certainement pas de cette manière-là ! dit Andrea sur un ton mi-outré, mi-enjoué.

C'est un remède sûr. Tu verras, tu seras comme neuve.

J'admets que je ne l'ai encore jamais fait… Et quel effet ça fait au mec ?

En réalité, pas grand chose. Disons que si ça ne te fait pas vraiment changer de perspective, ça t'oblige au moins à réviser un peu ta position…

Tous deux rirent à gorge déployée.

Éteins le moteur, demanda Larry à l'improviste.

Tu veux qu'on le fasse ici, en plein milieu du chemin ? demanda Andrea entre deux éclats de rire.

Non, viens avec moi…

Ensemble, ils enjambèrent une clôture et marchèrent jusqu'à un bosquet d'arbres en fleurs. C'était le printemps, et de part et d'autre du chemin, des vergers s'étendaient à perte de vue. Au pied d'un pommier, Larry lui demanda de fermer les yeux.

Quand Andrea les rouvrit, des centaines de pétales blancs choyaient autour d'eux, tandis que Larry agitait les branches.

« Joyeux anniversaire ! », dit-il.

C'était son second réveil dans la journée et elle se demandait comment un tel contraste était possible au sein d'un seul et même homme. C'était le même contraste que celui qu'elle ressentait au plus profond d'elle-même, entre ce moment précis et son premier réveil.

Les fichiers *.tmp commençaient à disparaître.